ANIMAL COLLECTIVE – Merriweather post pavillon

Indie Electro Folk / 2009. Une fois n’est pas coutume, et pour bien cerner le sens de cette chronique, je voudrais débuter en linkant un peu les retombées de cet album dans les webzines : Pitchfork, Goûte mes Disques, IndiePopRock ; et les blogs : Let’s Be Critical, Le Choix de Melle Eddie, I left without my hat. Si on fait une moyenne de ces critiques, on doit arriver à la note de quoi 9 ? 9,5/10 ? Et tout ça avec l’assurance d’avoir d’ores et déjà à faire au meilleur album de 2009. Mouais pourquoi pas, mais qu’a donc d’universellement génial ce nouveau Animal Collective?

Le débat n’est évidemment pas de savoir si « Merriweather Post Pavilion » est un grand album parce qu’il l’est incontestablement. En s’orientant vers des sonorités plus électroniques, les américains proposent une musique d’une richesse incroyable qui se paie le vrai luxe (de par sa rareté) de proposer quelque chose de totalement neuf et innovant pour nos oreilles, une sorte d’electro folk psychée et spatiale qui joue avec les expérimentations comme avec nos sentiments. Bref comme Battles ou Tv On The Radio, Animal Collective propose un mélange nouveau et frais, une innovation sonore que ses sept précédents albums, déjà complexes, laissait augurer. Quasiment tous les titres sont d’une beauté saisissante, portés par la complémentarité idéale des voix de David Porter et de Noah Lennox. « My Girls », « Also Frightened » sont d’une rare finesse ambiante, tandis que “Summertime Clothes” est le genre de singles indé mélangeant à la perfection ambition et enrobage pop. Les beats tombent parfaitement et l’auditeur ne peut que se laisser emporter par les nappes électroniques. Non en fait le débat est de… non bon ok en fait il n’y a pas de débat, « Merriweather Post Pavilion » est vraiment un putain d’album.

Désolé, j’avais prévu de prendre un peu le contre-pied de tout le monde en mettant un simple 7/10 à ce disque. Je voulais dire que le débat était de savoir si oui ou non « Merriweather Post Pavilion » méritait d’entrer, comme ça, au panthéon des meilleurs albums du monde. Je voulais soulever différents points comme les passages un peu chiants (l’intro et le côté répétitif de « Guys Eyes ») ou les intonations trop ethno-machin-world (« Taste »). J’avais pour objectif du disserter sur un songwritting un peu en de ça parfois (« No More Runnin' ») et sur certains effets qui semblent chercher à masquer ici où là une lacune mélodique. J’espérais aussi dire tout le mal que je pensais de « Brother Sport », un titre exaspérant qui donne envie de mettre des claques à votre voisin, la faute à des variations vocales des plus irritantes. Je voulais m’opposer à ce côté révolutionnaire que l’on prête au groupe parce que « In The Flowers » rappelle Tv On The Radio et parce que « Lion in a Coma » pique les idées mélodiques chez Why ? et chez Subtle. Je voulais m’insurger contre ce chant polyphonique, ces structures faussement complexes et ce psychédélisme qui noie le poisson. Je voulais dire « Où sont les vraies chansons dans ce disque soit disant d’avant garde ».

Bref je voulais me démarquer, signaler que si j’adhérais ce n’était pas sans réserves, mettre en avant une certaine suspicion naturelle ; suspicion qui aurait été justifiée à posteriori par le décevant concert de vendredi au Bataclan. Et puis rien, j’ai abandonné, car si je trouve exagéré tout le battage autour du groupe, je ne peux me résigner à lui mettre moins que 8,5. Car malgré sa prestation scénique ratée, malgré son manque de fun, il faut bien se rendre à l’évidence, Animal Collective est un groupe brillant dont les albums possèdent une durée de vie exceptionnelle. Alors non ce ne sera pas mon album de l’année mais oui je ne pourrai pas passer 2009 sans.

Note : 8,5/10

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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