Autolux au Point Ephémère : au loin, la brume

Live report

Cette semaine, le blog de Ricard S.A Live Music invite Voisin blogueur, l’auteur de Tadah! Blog.

Il nous livre ses impressions  sur le concert d’ Autolux au Point Ephémère le dimanche 5 décembre.


autolux


Ce dimanche 5 décembre 2010, le Point Ephémère accueillait Autolux. Première fois que je vais voir ce groupe tant aimé en concert. Impatience. Il faut dire que leur premier album, Future Perfect, aussi furieux que mélancolique, avait longtemps tourné chez moi. J’avais ensuite été un tantinet déçu à la découverte de leur deuxième effort, Transit Transit. Déception pourtant vite changée en addiction, me laissant plonger dans l’irrésistible noirceur de morceaux à la rage souvent désespérée, assurément séduisante. Je me voyais déjà perdu dans la brume, transpercé par les guitares, les yeux humides. Patience, patience…


Rendez-vous donné à 20h, la première partie commence 40 minutes plus tard. Trois filles ressemblant à des cousines de Ladyhawke (surtout pour la chanteuse) font leur entrée sur scène. Leur trio répond au nom de Giana Factory. Je me laisse difficilement embarquer, je me braquerais presque. Pâle copie d’Au revoir simone ? Le premier morceau me laisse indifférent. Pourtant, progressivement, ça prend. L’habile mélange electro / post punk nous amène à lâcher prise, à se laisser entraîner vers un trou noir, confiants, car jailliront forcément quelques lumières stroboscopiques histoire de nous faire bouger. Le public commence à danser, applaudit de plus en plus fort, et ne se refuse pas un sourire le temps d’un Rainbow Girl diablement efficace. Finalement une jolie surprise et des girls à suivre.



Patience, patience…Autolux ne débarquera qu’à 21h40. On a un peu mal au dos à force, on espère bien tout oublier au son d’un « rock alternatif » (il n’est pas aisé de les ranger dans une case, ces enfants terribles passant de l’indie pop au shoegaze en ne refusant jamais une petite échappée noisy) qu’on a souvent comparé à bien des références (Sonic Youth, Sneaker Pimps ou encore My bloody Valentine). Mauvais départ : le premier titre joué est The science of Imaginary Solutions, soit peut-être leur morceau que j’aime le moins. La scène est coupée en trois : Greg d’un côté, Carla au centre, Eugene de l’autre. Ils ne communiqueront pratiquement pas entre eux, peu de regards, presque renfermés, « mécaniques » diront les mauvaises langues.


Un moment étrange et malheureusement pas dans le bon sens : ne seront par exemple pas joués des morceaux très forts comme Asleep at the trigger (pourtant peut-être leur plus connu) ou Supertoys. On peine à retrouver la magie, l’intensité de ce qu’on avait écouté et réécouté au casque. Le live est plutôt orienté noisy, le côté indie-pop est laissé au placard. S’il est impossible de ne pas remarquer la maitrise de la formation qui assure à chaque morceau, il manque définitivement quelque chose. On ne retrouve pas leur sensibilité singulière, ce côté à vif qui personnellement m’avait plus que séduit. Alors qu’Audience No.2, Robots in the garden ou High Chair se déploient, l’espoir revient. On vibre même volontiers face au déchirant Spots. Mais Census est violemment écorché, Clara , au centre, semble complètement reléguée au second plan, effacée.



On voudra garder en mémoire les frissons ressentis lors d’un Plantlife mais pour ma part je repartirai avec l’impression d’avoir assisté à quelque chose de « correct » mais jamais totalement transcendant. Peut-être que j’en attendais trop. A cet instant, je me sens comme on peut se sentir après avoir revu un premier amour des années après la rupture : après l’envie, le manque, le fantasme, il y a cette réalité subite, ce sentiment qu’en fait tout cela n’était pas si extraordinaire. « Réel », merde alors si on m’avait dit que je désignerais Autolux ainsi…

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