Acteur phare de la scène française post-hardcore, au sein des groupes As We Draw et The Brutal Deceiver, Quentin Sauvé s’apprête à sortir le premier EP de son nouveau groupe Throw Me Off The Bridge, une formation que la Team RLM suit de près !

Musicien toujours curieux d’apprendre de nouveaux instruments, et de mieux maîtriser la matière sonore, Quentin Sauvé n’est pas pour autant un féru de technique pour qui la notion de contrôle prime sur tout. Au contraire même, tout en s’appuyant sur ses compétences et sur la richesse de son parcours, il recherche inlassablement l’anicroche mélodique et le moment de rupture où la magie se produit.

Pour un groupe comme Throw Me Off The Bridge, il serait aisé de produire des chansons lisses et parfaites, pleines d’énergie et de refrains puissants, mais ce n’est pas ce qui intéresse Quentin Sauvé et ses compagnons. Sur Aprils Showers, leur EP qui sortira le 9 mai sur le label Terra Incognita, on entend que des chansons qui prennent des risques. En musique, il existe toujours un sommet qui débouche sur un précipice : à gauche du pic, l’intensité de l’émotion qui touche juste, à droite l’échec d’une mélodie qui en fait des tonnes et écœure l’auditeur.  Throw Me Off The Bridge est ainsi ce groupe qui cherche toujours à atteindre le plus haut point de la montagne, sans craindre de chuter s’il allait trop loin. C’est particulièrement parlant sur Weak Spot, titre avec lequel le groupe s’était retrouvé en finale du Prix Ricard S.A Live Music, et avec Harmless déconcertant avec ses arpèges limpides qui s’accordent parfaitement avec l’approche émo.

Il en ressort un disque offrant une sensibilité à fleur de peau, plein de nuances et de rebondissements émotionnels, s’acoquinant aussi bien avec la violence qu’avec la pureté cristalline des lignes de guitares dépouillées.

Certains trouveront que Throw Me Off The Bridge en fait trop, mais, de notre côté, nous espérons qu’ils en feront encore plus à l’avenir ! Ci-dessous, la session acoustique que nous avions tourné avec le groupe dans le cadre du Prix Ricard S.A Live Music 2016, ainsi qu’une interview avec Quentin Sauvé.


INTERVIEW DE QUENTIN SAUVE



Throw Me Off The Bridge semble à l’aise quel que soit le niveau d’intensité sonore. Doit-on s’attendre par la suite à une amplitude encore plus forte entre les moments les plus calmes et les moments les plus violents ?

QS : On tient en effet à garder ce genre de relief au sein des prochains morceaux. Ensuite, il est toujours possible de faire encore plus fourni ou encore plus minimaliste, ou même de faire des morceaux plus constants, entêtants, qui dénoteraient avec ceux plutôt progressifs. Je pense que l’intensité émotionnelle ne va pas forcément de paire avec l’intensité sonore.

On ressent bien le songwriting derrière chaque chanson. Sont-elles composées en groupe, ou d’abord à la guitare avant d’être réarrangées à plusieurs ?

QS : Alors les chansons de mes deux premiers albums solo ont été composées juste guitare/voix puis arrangées en studio directement pendant la session d’enregistrement. Concernant les 4 titres du nouvel EP, dès que j’avais un couplet-refrain guitare/voix présentable, on commençait à les travailler avec les gars du groupe. C’est plus simple de changer, ajouter ou faire évoluer des choses ensemble avant que j’aie trop l’habitude de jouer le morceau seul, avant que ce soit « figé » dans ma tête.
Pour les prochaines, on verra, peut-être que certaines se feront directement en « jamant » ensemble et ensuite je placerai les textes dessus.

Il est encore difficile d’évoquer Throw Me Off The Bridge sans penser à ton passé hardcore. Est-ce une image dont tu souhaiterais voir le groupe se dégager, ou au contraire des racines dont tu ne voudrais jamais être coupé ?

QS : Je n’ai pas envie d’en être coupé, j’essaie de faire évoluer le groupe à la fois dans le milieu hardcore que je connais, et vers de nouvelles choses que je découvre au fur et à mesure. Il y a du bon à prendre partout, sans oublier d’où l’on vient.