FOALS (A La Cigale – Festival Des Inrocks)

Festival / Paris / Le 15 novembre 2008. En cette année 2008, grâce à sa programmation à la fois pointue et accessible, le festival des Inrocks s’impose complètement comme le rendez-vous musical de l’automne. Qu’on aime ou qu’on déteste le magazine, il faut bien reconnaître que la démarche qui s’appuie sur un partenariat avec une grosse boite est des plus judicieuses.

FOALS
On m’avait dit que Foals était incapable sur scène de reproduire la complexité de son album très bien produit, on m’avait dit que le groupe ne tenait pas « techniquement » la route, on m’avait dit que ses sets étaient brouillons, bref on m’avait menti. Peu importe les rumeurs, je ne comptais pas louper le passage sur scène des auteurs du génial Antidotes, et bien heureusement vu la claque que j’ai pris hier soir. Alors d’abord, faisons fi des reproches : oui Foals n’est pas toujours capable de retranscrire sur scène toutes les subtilités math rock de son album, les notes plus aigues ressortent avec difficultés et la rigueur mathématique disparaît un peu en l’absence de Pro Tools, mais de là à dire que le groupe ne tient pas la route sur scène, il faudrait vraiment être insensible à l’énergie scénique. Dans ma chronique d’Antidotes, je disais que Foals créait un pont entre Bloc Party et Battles, après ce concert je dirais qu’il possède aussi l’émotion du post rock et l’énergie d’un Fugazi. Le groupe réussit un mélange de genres incroyable qui ne débouche même pas sur une franche admiration auditive mais bien sur un franche envie de bouger. Intelligent, subtil, dansant et totalement rock’nroll, le groupe a tout bon. Yannis Philippakis est un très bon frontman qui n’hésite à se jeter dans la fosse ou à escalader les gradins, le guitariste le suit souvent de près, tandis que le batteur, même s’il mériterait d’être un chuia plus technique par moment (les occasions de placer du contre-temps étant nombreuses), assure très bien le show. Au final cela donne des versions transcendées comme ce « Electric Bloom », avec Philippakis aux percussions, qui devient une bombe aussi dansante qu’explosive. Bref à en croire l’article de JS de Goodkarma sur la soirée de jeudi soir, Foals avait hier tout ce qu’il manquait à Franz Ferdinand. Moins de technicité, plus d’énergie, une capacité à provoquer l’engouement de la foule et des tueries comme « Balloons » et « Cassius », Foals rajoute une corde à son arc, ce qui en fait définitivement l’un des groupes de 2008 qui compte. Note : 8,5/10

FRIENDLY FIRES
Friendly Fires sur album, c’est un peu comme Kaiser Chief, un groupe grossier manquant singulièrement de talent de composition. Frienly Fires sur scène, c’est un peu comme Kaiser Chief, un groupe propre et carré, qui se défonce pour faire bouger son public. Ca donne un bassiste qui maîtrise bien les slapés/tirés, un batteur qui donne la gouache à l’ensemble et un chanteur qui ne transpire pas à moitié. Comme m’a dit mon pote Thibault durant le concert « Mec, faut écouter ça comme du Georges Michael », il n’a pas tout à fait tord. Un groupe pas terrible qui a quand même réussi à nous faire passer un bon moment. Note : 5/10

SEASICK STEVE
A 60 ans passés, entre folk blues et country, Steve Wold donne une vraie leçon de true music à tous les branleurs de la nouvelle génération (Soko en tête). Assis sur une chaise, vêtu d’une salopette bleue, ambiance verre de whisky à la main et clope au bec, épaulé par un batteur loin d’être manchot, l’américain livre un show hargneux et touchant, plein de chansons qui racontent des histoires tristes ou marantes, le tout bercé de rage et de mélancolie. Ca prend aux trippes, ça s’énerve quant il faut et ça touche droit au coeur. Note : 7,5/10

En résumé une soirée des plus réussites.

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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