GUSH – Everybody’s God

Classical Pop Foutraque française / 2010. « The Big Wheel », le titre qui ouvre « Everybody’s God » ne vous donnera pas le moindre indice d’où vous mettez les pieds. La mélodie est chaloupée, les sonorités sont riches, c’est à la fois déconstruit et funky, on se croirait sur le terrain de jeu de Tv On The Radio, perdu entre Brooklyn et Manhattan. Pourtant Gush est bien un groupe français, mais un groupe français qui contemple l’univers dans son intégralité géographique ainsi que dans sa continuité temporelle au point qu’il est impossible de situer des chansons comme « Dance On ».

Il y a de l’envie ici, une volonté de dépasser les clivages, une aspiration à tout casser pour tout reconstruire. C’est frais et étonnant. « Back Home » est un irrésistible single qui se dresse devant ses idoles avec fierté. Regarder les Stones droit dans les yeux sans être impressionné le moindre du monde, ce n’est pas à la portée de tout le monde. Mais Gush semble être de tous les défis. Les Beatles ? Les Birds ? Les français ont réponse à tout avec une insolence qui fait plaisir à entendre (« No Way »).

Alors qu’à la première écoute on reprocherait à Gush son manque de personnalité, on s’aperçoit rapidement que le groupe est stimulé par un vrai désir de faire le pont entre passé et futur ; du revival qui va au-delà du revival. Ce qui est impressionnant c’est combien ce jeune groupe est capable de ridiculiser ses comparses américains sur leur propre terrain et ce aussi bien en terme de songwriting que de production. « Vondelpark » et « Killing My Mind » crachent sur les Kings Of Leon, et affirment une famille française des plus soudées. Gush c’est une histoire de frères et de cousins qui veulent refaire le Creedence Clearwater Revival !

Certes ce premier album est parfois inégal. « Let’s burn again » manque de mélodies et on peut considérer comme une bévue de le faire figurer en deuxième piste.  » Remedy » est anecdotique et fait place à un groupe ne joue que pour lui-même tandis que « In The Sun » a tout de la ballade en forme de passage obligé. Enfin le groupe s’égare un peu dans une weird folk qui a du mal à choisir son chemin. Cherchant à être à la fois accessible et expérimental, il se noie sous ses envies tout en étant prédestiné pour l’apnée (« My Favourite Song »).

Mais au final, malgré ces erreurs de jeunesse, on se sent bien chez Gush avec cette impression de les avoir toujours connus (« You Really Got Style »). Manquerait plus qu’ils soient relookés par Hedi Slimane, qu’on tiendrait notre future post retro next big thing. En espérant juste que le groupe prenne plus de risques sur leur second opus et élève encore plus son niveau d’exigence…

Note : 7,5/10

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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