J’IRAI FILMER CHEZ VOUS : HOKINS (JOUR 11)

Nos concerts

Depuis le début de nos aventures on the road voilà déjà 11 jours, on tente de vous vendre du rêve en promettant des sessions chez les groupes finalistes ; sauf que ça ne se passe que rarement comme ça. Des Hill Valley à Vulcania à Olympia Fields dans un fort à Saint Malo, on passe souvent plus de temps à se geler les phalanges qu’à siroter du chocolat chaud avec une paille. Lors de notre escale à Lyon, et après avoir croisé les Holy Two, le groupe Hokins a inversé la tendance : au programme, un morceau capté en appartement, entouré de leurs fans.

Grâce à l’invention d’Internet en 1885 par Fernand Web, on assiste aujourd’hui à la naissance de groupe aux gouts anachroniques, autant capables d’aimer Queen of the Stone Age que Muse ou les Doors, puis de synthétiser le tout dans des compositions originales qu’ils chantent dans un grand appartement lyonnais un samedi soir. En quelques mots, c’est le résumé de la fin de notre onzième journée. Et surprise en ouvrant la porte de l’appartement, le groupe n’est visiblement pas venu tout seul. Autour d’eux, des fans timides – majoritairement des filles– invités via la page Facebook du groupe à venir écouter  l’enregistrement du morceau inédit que Hokins s’apprête à nous jouer. Ambiance Taratata, mais – merci mon Dieu – sans Nagui.

Lorsqu’on demande aux lyonnais comment ils pourraient résumer l’esprit du groupe, la réponse a de quoi faire rêver le journaliste en manque d’inspiration : « C’est comme si les Queen of the Stone Age rencontraient Bloc Party ». C’est pas faux. Et c’est vrai que le groupe a deux facettes, l’une préhistorique et l’autre plus urbaine ; imaginez en gros les Pierrafeu découvrant une boite à rythmes et cela devrait vous donner une idée assez précise du son façonné par les Hokins. En écoutant la balance du morceau, on entend le coffre du chanteur résonner comme celui d’un Jim Morrison accompagné par Skip The Use avec des chœurs assurés par Josh Homme ; hey les mecs ce serait pas plutôt Disco Queen of the Stoner Age, le nom de votre groupe ?

C’est donc autour d’un bol de chips et de quelques sages groupies assises en mode boum que les Hokins démarrent leur drôle de morceau à cheval entre les années 60 et 2010. Pour un groupe qui avoue être issu de la scène post-punk, c’est diablement dansant. La session terminée, direction la chambre à coucher pour… une interview – vous avez vraiment l’esprit mal placé. Manquerait plus qu’on écoute Céline Dion en tailleur pour que ça vire à la soirée pyjama, mais le look du groupe est une bonne piqure de rappel ; ces jeunes gens ont été biberonnés aux rock, et ça se voit autant que ça s’entend. Leur réputation, ils la doivent aux concerts dans la région depuis 1 an, mais aussi à une reprise du Let’s bang de Shaka Ponk, manière élégante de rappeler que leurs références ne sont pas toutes gravées dans le formol. Et quand on leur demande, curieux, sur quel label ils aimeraient être signés, eux répondent Domino ou PIAS, soit des maisons de disque indépendantes qui ne vendent pas l’âme des groupes au diable pour écouler de la soupe populaire. C’est somme toute assez cohérent.

Ce qui l’est beaucoup moins, c’est la deuxième partie soirée, pas vraiment du genre fièvre du samedi soir. Il est 22H00, Hokins et leurs fans féminines sont déjà loin, on erre dans un centre commercial désertique à la recherche d’un McDonalds – nos corps se seront-ils transformés en potatoes géantes à la fin de la tournée ? Mystère – avant d’aller jeter nos corps usés dans une salle de cinéma, qu’on ne trouvera finalement jamais. Il est 22H30, retour à l’hôtel dans un étant proche du coma artificiel ; où lessivés par notre première semaine de périple, nos cerveaux s’écroulent sur l’émission The Voice, suivi d’un documentaire sur Zaz chantant – braillant semble plus juste – en haut d’une montagne « que non non non, elle ne veut pas d’une suite au Ritz ». Est-ce un cauchemar, sommes-nous tombés dans un monde parallèle dont on ne pourra plus jamais revenir ? Réponse demain avec le groupe Neeskens, rencontré près de Chambéry dans un hôpital psychiatrique. Hey, c’est quoi cette chemise sans manche ? Laissez moi sortir !

 

 

(PLUS OU MOINS) TROIS QUESTIONS EXPRESS À HOKINS

Qu’espérez-vous du prix Ricard S.A. Live 2014 ?

Hokins : On a découvert le Prix par des amis, on s’est donc inscrit sans forcément y croire et on a donc été surpris de se retrouver dans les 100 premiers, puis dans les 15 finalistes. Et si on veut gagner, c’est surtout pour les concerts proposés, parce que ça fait pas mal de temps qu’on enregistre et qu’on a hâte de jouer les morceaux live ! Sur scène, le set est plus électrique, moins électronique, c’est en évolution.

Et hormis vous (évidemment), quel groupe mérite le plus de gagner cette année ?

Hokins : On aime bien Toybloïd, ils sont percutants et ce sont ceux qui sont les plus proches de nous, dans la catégorie post-punk. Et puis le fait que ce soit des nanas qui chantent, ça le fait…

Votre argument choc pour séduire le jury ?

Hokins :  Faut dire qu’on est des brutes de travail, et quand on veut quelque chose on bosse dur pour l’avoir. En gros, notre message c’est : « laissez-nous vous montrer de quoi on est capable ».

À propos de l'auteur :
Bester

Fondateur et rédacteur en chef du site et magazine Gonzaï, Thomas (aka Bester) dirige également Jack, la plateforme musicale de Canal Plus. Il est l’un des membres historiques du jury du Prix Société Pernod Ricard France Live Music et écrit régulièrement sur le site pour dispenser des bons (et quelquefois mauvais) conseils aux groupes qui voudraient faire carrière.

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