Le rythme du Prix Ricard S.A. Live Music, c’est un peu comme un épisode de 24H chrono. Alors que débute aujourd’hui notre mini Tour de France pour dix jours de péripéties on the road, difficile de savoir qui jouera le rôle de Jack Bauer, mais toujours est-il que tout s’enchaine très vite et sans temps mort. A peine le temps d’annoncer la liste des dix finalistes de l’édition 2015 que nous voilà déjà en combi militaire, camera, stylo et GPS dans la main, pour partir à la rencontre de chacun des artistes retenus par le jury. Récit de notre premier jour sur la route et cette rencontre avec le parisien Jeremie Whistler qui a relevé le challenge d’être prêt à filmer sa session moins de 48h après avoir appris sa sélection !

Mais avant tout, et au cas où vous auriez passé les deux derniers mois coincé dans un ascenseur, on vous rappelle les règles du jeu. Comme tous les ans, des centaines de groupes indépendants se sont battus pour tenter de s’imposer dans le top 100 du Prix Ricard S.A. Live Music. Comme tous les ans, le public a voté pour ses groupes préférés, comme tous les ans le jury a tranché pour ne retenir que dix groupes, comme à chaque fois il y a des heureux, des déçus, des menaces de mort sur le jury mais aussi des tentatives de corruption (on y reviendra). Comme tous les ans, encore, la team RLM a aussi fait ses valises et enclenché le starter comme Dominique Chapatte dans Turbo pour jouer au jeu des mille bornes. Objectif : vous livrer jour après jour le récit de nos rencontres improbables avec chacun des finalistes, et vous offrir une session quotidienne filmée par Rod Maurice (qui devrait encore occuper une grande place dans ce carnet de route), accompagné cette année à la prise de son par Romain Della Valle, également membre du groupe Stuck In The Sound. Bon, voilà pour les préliminaires. C’est samedi matin, c’est le jour 1. Maintenant que vous êtes bien installé dans votre fauteuil et que vous avez attaché votre ceinture, passons aux choses sérieuses.

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A ce stade vous avez compris que la tournée des finalistes du Prix débute toujours sur les chapeaux de roue. Et c’est pas rien de le dire. Dans un élan relevant autant de la mégalomanie que du professionnalisme, le politburo de Ricard S.A. Live Music a décidé d’investir dans du matériel de première catégorie pour filmer les sessions avec chacun des finalistes. Ca ne ressemble pas encore à un concert de Johnny au Stade de France – on n’a pas encore la place d’embarquer un fauteuil (c)roulant – mais ça prend suffisamment de place pour qu’il soit nécessaire de louer un… van. Voilà. La team RLM, désormais ce sont donc 5 mecs mal rasés qui s’amusent à jouer à un Tetris géant pour faire rentrer tous les racks, flycases et autres boites d’appareils dans un petit fourgon, et qui surtout prient pour que l’appartement où nous avons rendez-vous pour cette première session soit muni d’un ascenseur. Raté ! Jérémie Whistler, 1 an et demi d’existence au compteur, nous a donné rendez-vous chez son manager François, et pas de bol, il n’y a que des escaliers. Le temps de jouer aux déménageurs de piano et de perdre 3 kilos – remarquez ça fera pas de mal à certains – à monter tout le barda au troisième étage, que tout le monde fait connaissance. Je vais d’ailleurs profiter de ce petit interlude pour introduire Jérémie Whistler.

Avant Jérémie Whistler s’appelait Jérémie Rose, mais ça c’était avant. Depuis peu, l’ancien élève d’école d’Art se fait remarquer avec son groupe sous le nom de Jérémie Whistler – en Anglais, ça veut dire ‘’siffloter’’ – en souvenir d’un séjour en Australie où il commença à écrire ses chansons en étant inspiré par le Golden Whistler, un oiseau local. Ses chansons, « intimistes et mélancoliques », ont donc plus à voir avec Jay Jay Johanson ou Woodkid en sourdine qu’avec, euh, Motorhead. Après un premier EP ‘’Flakes’’ réalisé avec les moyens du bord en 2014, il espère désormais aller plus loin, et comme dirait Mimie Mathy, aller plus haut. Sa réaction en apprenant sa sélection dans les 10 finalistes : « j’ai eu des palpitations, et chaud aux oreilles ». Et ce qu’il attend du Prix Ricard S.A. Live Music : pouvoir sortir enfin un EP avec de vrais moyens, et sortir du bricolage.

Sans transition, premier accident dans l’appartement du manager François avec une table qui s’effondre sous nos yeux – c’est pas notre faute – mais qui dévoile un butin que Rod Maurice, grand psychotique devant l’Eternel, sait reconnaître : des cartouches de jeux vidéos ! Dans une ambiance western façon Sergio Leone, Rod tente une négociation sous le manteau, mais en vain : non, il ne récupèrera pas les cartouches du manager. Sur fond de pot de vin 8bits, l’installation continue et l’ambiance est à la déconnade. Sylvain, le batteur, se fait très subtilement surnommé « Sylvano la moustache » en raison de son physique d’acteur porno pileux retenu au casting pour des films comme Harry peloteur et la croupe de feu ou L’arrière-train sifflera trois fois. Ambiance. Aurélien, le troisième larron aux claviers, n’est pas en reste ; lui c’est Jaffar, en hommage au sale type d’Aladin. Dans l’appartement reconverti en moins de 24H en studio d’enregistrement, on croise des tableaux de Jésus un peu partout ; on n’aura pas le temps de demander à Jérémie s’il croit en Dieu mais en tout cas il nous le confirme : non ses chansons intimistes ne lui a pas permis de choper plus.

Photo: Rod Maurice
Photo: Rod Maurice

Installation finie. Trois prises et c’est en boite. Le morceau, un inédit, se nomme Smoke Signals, un titre « avec une personnalité et une mélodie pop ». Pas de fumée sans feu ? On vous laissera vous faire votre propre avis cette après-midi en découvrant le morceau à 18h ce soir ! Quant à nous, nous sommes déjà en route vers le centre de Paris pour une rencontre avec un groupe mystérieusement nommé Pink Noise Party… Affaire à suivre dès demain matin.