Cinquième épisode de notre tour de France pour rencontrer tous les finalistes de l’édition 2015 du Prix Ricard S.A. Live Music. Après Jérémie Whistler, Pink Noise Party, Monterosso et Bloum, c’est au tour des parisiens de Parc de nous ouvrir les portes de leur petit jardin secret…

N’allez pas plus croire que parce qu’on vous parle de jardin secret, il sera dans ce cinquième épisode question de comptines jouées au banjo pour les moins de 12 ans dans un square façon folk Mon petit poney. Non. Ce soir, il fait froid, on est en forme comme une équipe de cyclistes sans EPO et il est déjà 21H00 lorsque nous arrivons au point de rendez-vous pour la session. Autant vous le dire, on commence à avoir les articulations qui craquent et les yeux qui tombent ; bref on est presque déjà arrivé à la moitié de notre tournée, mais pas au bout de nos surprises.

Photo : Rod Maurice
Photo : Rod Maurice

Peut-être est-ce la fatigue, mais l’arrière-salle du bar où le groupe nous a proposé de les rejoindre nous semble étrangement petite : comment va-t-on faire rentrer les 4 musiciens dans cet espace de 10m2 ? Romain, notre ingénieur de son Yakusa, arrivera-t-il à se brancher dans la cuisine réquisitionnée à l’arrache ? C’est alors qu’on se pose toutes ces questions qu’une autre, encore plus drôle, pointe son nez. Paraît que Parc aurait prévu un kit complet de batterie. Sueur du patron de la salle, visiblement en procès avec un voisin anti-bruit qui, visiblement, ne l’entend pas de cette oreille. Bon, visiblement, c’est chaud. Alors que ça discute encore disposition du groupe, au moins moi je tiens ma punchline d’intro : dans cette pièce on ne sait pas où Parc mettre (attention, blague, visiblement).

Romain Della Valle, boucher du son !
Romain Della Valle, boucher du son !

Dernier des groupes finalistes à être basé à Paris, Parc possède cette autre particularité qu’il est l’un des seuls à oser le Français dans ses chansons. Influencés très tôt par des anglo-saxons comme The Corral, Arctic Monkeys ou les Strokes, ils ont finalement fait le choix de la langue maternelle car « ils n’arrivaient plus à s’identifier à ces groupes étrangers, tant au niveau des paroles que de la musique ». Connu jusqu’en Amérique du sud à cause – ou grâce à, je vous laisse trancher sur ce point – d’une reprise du Cet air là de France Gall, les 4 membres de Parc ont ce soir apporté un kit de batterie allégé (ouf) et sorti du sac une chanson inédite : L’été. Une chanson qui parle du souvenir d’une fille au mois d’aout et de la beauté du moment éphémère, « un peu comme la pop » dit Boris le chanteur. Une pop française un peu déviante qui pour Parc évoque autant Daho que Jacno, ou des groupes plus récents comme Aline. Comment peut sonner un groupe qui revendique Joe Dassin, The Drums et Jacno parmi ses influences ? Réponse à cette question après un jingle pub offert par Rod Maurice à propos d’une précédente session : « J’entendais rien donc je filmais à l’aveugle ». Accroche toi Nabila, on arrive.

Photo : Rod Maurice
Photo : Rod Maurice

Il est maintenant 23H30, une heure improbable pour débuter l’enregistrement de la session du groupe. Après une partie de limbo géant pour faire rentrer tout ce beau monde dans le cadre, et alors qu’on se croit enfin parti pour un REC, patatra c’est l’accident : une corde vient de casser sur la guitare du chanteur. En bon professionnel – et sans corde de rechange – Boris jouera quand même L’été au mois de janvier – de toute façon y’a plus de saison – et après 4 prises, un dernier regard à la montre nous permet de voir qu’il est déjà minuit passé de 30 minutes. Dans moins de 7h nous prendrons la route pour 600Km direction Bordeaux et sa banquise… Vous croyez que j’ai forcé sur le thé infusé ? Banquise, c’est le nom du prochain finaliste cold-wave inscrit sur notre carnet de route. On se retrouve demain pour vous dire si on a réussi à briser la glace.


Trois questions à Parc


Qu’attendez-vous du prix Ricard S.A. Live 2014 ?

Le groupe : Le Prix offre une belle visibilité et c’est aussi l’occasion d’être confronté à un jury, ce qui est toujours bien. Et puis on se reconnaît pas mal dans les groupes inscrits lors des précédentes éditions ; même cette année un groupe comme Cliché – finaliste du Prix – ça nous parle, on peut s’y identifier. Alors forcément, nous ce qu’on attend du prix c’est déjà de le gagner ! Et au delà de ça, il y a la tournée proposée, l’accompagnement financier et la formation ; et ça on en a vraiment besoin en ce moment car on vient d’enregistrer un EP qui nécessite encore d’être peaufiné. Tout faire tout seul, c’est très difficile pour un groupe, et c’est justement là que gagner le Prix Ricard S.A. Live Music arriverait à un moment idéal pour nous.

Hormis vous, évidemment, quel est votre favori parmi la liste des dix finalistes ?

Le groupe (unanime) : Cliché, un groupe pour nous nettement au dessus des autres, qui est déjà arrivé à maturité. Et puis ce sont les seuls – avec nous – à chanter en Français !

Est-ce votre argument choc pour séduire le jury ?

Boris : Oui. Si tu prends un groupe comme Blur – l’un des groupes qui a marqué ma vie – avec une identité hyper forte à une époque où Nirvana dominait le monde, ces mecs là ont développé une esthétique singulière. Moi j’en suis là. On est d’une génération qui vit une aliénation vis à vis des Etats-Unis ou de l’Angleterre, et on a honte de faire du rock. Selon moi, il faudrait imposer encore plus de groupes français dans les médias, à la radio, et je crois que j’ai tendance à souvenir plus facilement les groupes français qui chantent en Français, parce que c’est un argument d’authenticité plus fort.