Julia Stone et Benjamin Biolay : Let's Forget

Clip

J’ai toujours eu du mal avec les chansons qui mélangent les langues. Au lieu d’ouvrir la musique sur le monde, je trouve que cela la transforme en un discours de sourd. J’ai toujours l’impression qu’il s’agit d’un moyen de ne pas trancher et que l’alternance des langues souligne l’absence de parti prix. Cela me gène pour les chansons, mais même au sein des albums. Par exemple, j’ai toujours trouvé dommage que Noir Désir s’éloigne du français le temps de quelques chansons sur ses albums. J’aime les albums uniformes et la question des langues ne joue jamais pour moi le rôle d’une touche exotique.

Pourtant parfois le temps d’une chanson, un dialogue arrive à s’instaurer, c’est un peu « l’effet Gainsbourg », mais par exemple ce duo de Julia Stone et de Benjamin Biolay sur Let’s Forget (nouvelle version du Let’s Forget All The Things That We Say de l’EP qui précédait l’album) s’insère bien dans la logique de By The Horn. Lorsque les clichés du lover français sont utilisés à bon escient, ils font mouche.

By The Horn est un album à la fois léger et triste. Julia Stone y parle d’amour à travers le monde avec un timbre subtil (quoiqu’un peu monotone). On y voyage beaucoup, un peu trop peut-être ; le casting très classe apporte son lot de défauts et d’avantage (on y croise Oren Bloedow et Rob Moose), mais c’est surtout la présence de  Brett Devendorf, l’excellent batteur de The National, qui donne un feutré particulier au disque.

C’est dans cette ambiance intimiste en noir et blanc que la voix de Benjamin Biolay est la plus charmante.

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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