Les Francofolies de La Rochelle, jour #3

Live report


Temps toujours au beau fixe sur La Rochelle en ce troisième jour de festival. Avec Swann, on honore avec le sourire notre mission qui consiste à assister à nos concerts favoris parmi la belle programmation des Francofolies, en respectant toujours le même code couleur : elle en bleu, moi en noir. C’est parti!

Lior Shoov

Attention : grosse claque. Lior Shoov est une jeune femme absolument fascinante. Et on bénit Dieu Gérard Pont de nous fait rentrer dans la Chapelle Fromentin pour l’écouter. En acoustique. Pendant un peu moins d’une demi-heure, elle va nous présenter ses instruments étranges qu’elle collectionne au gré de ses voyages aux quatre coins de la planète, chante des chansons douces, tristes, folles. Avec toujours une pointe d’humour, elle se moque de son accent et la difficulté d’apprendre à parler français (elle est Israélienne). Pourtant, c’est dans la langue de Molière qu’elle chante, écrit et compose. Et ça matche. Beacoup de Français devraient par ailleurs prendre exemple. Non, je ne citerai personne.

Albin de la Simone

Les matinales, à la chapelle Fromentin de La Rochelle, c’est LA bonne raison de se lever tôt pendant le festival. Le principe a tout pour plaire : Des concerts en version acoustique dans un cadre magnifique, une chapelle lumineuse dans laquelle sont installés des gradins permettant d’accueillir un public de privilégiés qui assistent pendant 2h à un moment de musique un peu magique. Samedi, après le talent époustouflant de Lior Shoov, bricoleuse de génie, c’est Albin de la Simone qui s’installe. D’abord seul au clavier, il est vite rejoint par un violon et un violoncelle pour un set intimiste dans lequel il a pu laisser libre cours à son cynisme élégant.  Il joue ses propres morceaux -bien entendu- invitant le public à participer en tapant dans ses mains pour mimer une gifle libératrice sur « Avant tout I want you »et dirigeant une élégante chorale de sifflements sur j’ai changé et reprend « La fidélité » de Miossec, initiative chaleureusement applaudie par le public. Entre rires et larmes (« Ton pommier », poignant), le concert d’Albin de la Simone était un magnifique moment, riche en émotions.

Feu Chatterton

Les cinq musiciens de Feu Chatterton font partie de la sélection annuelle du chantier des Francos et c’est à ce titre qu’ils se sont produits hier sur la scène du théâtre Verdière de La Rochelle. Leur son, tour à tour ténébreux ou baigné de lumière accompagne des textes poétiques qui évoquent parfois le talent du grand Babx. Sur scène, on aime le contraste entre le chanteur à l’élégance raffinée et au jeu de scène discret tandis que derrière lui le reste du groupe se déchaîne par instants. Grisant.

Two Bunnies in love

Je vais te faire une confidence, lecteur. Une confidence que le Boss ne va pas trop trop aimer. J’ai une peur panique des lapins. Oui, je sais, c’est la honte, mais d’en parler me fait du bien. Ça va déjà mieux d’ailleurs. Mais, il y a deux lapins (cinq en fait) que j’aime beaucoup : Two Bunnies in Love qui, peut-être, vont me guérir à tout jamais de ma phobie. En tout cas, hier, au village Francofous, je n’ai pas sauté ni hurlé et je ne suis pas partie en courant quand ils sont montés sur scène.

C’était plutôt, amour et KeurAvecLesDoigts. Les charmants garçons n’ont qu’une demi-heure pour chauffer le public. Et c’était largement suffisant pour embarquer les badauds avec eux. Ils ont les armes pour : une musique entraînante aux accents brit-pop, des musiciens hyper doués et un chanteur charismatique et barré. Quand tu n’es pas plongé dans ses yeux couleur lagons, tu es fasciné par ses pas de danseuses étoiles. Bref un spectacle à voir et à écouter (et à acheter aussi. L’EP arrive en septembre).

Klô Pelgag

Elle arrive équipée d’une improbable paire de lunettes strassées aux verres à effet miroir et habillée d’une costume de squelette qui annonce la couleur : Klô Pelgag ne va pas se contenter de chanter mais elle compte bien nous embarquer pour un voyage en absurdie (alors qu’on s’était à peine remis de l’incursion dans ce pays hospitalier où nous avait embarqué Dick Annegarn la veille).

Elle enchaîne les titres au milieu de son groupe, déguisé (ici un baigneur équipé d’une cape, là trois mariées vêtues de la traditionnelle robe immaculée). La poésie surréaliste de Klô fait des merveilles et le public curieux au départ, la suit dans son délire joyeux. Fabuleux.

Florent Marchet

Nouveau look pour une nouvelle vie : Adieu la moustache, cheveux longs et bouclés, veste à sequin, Florent Marchet n’est plus l’homme preppy qu’on avait connu à l’époque de « Courchevel ». Fermons la parenthèse « Cristina ma chériiiie tu es magnifaïïk » pour se concentrer sur la musique.

Là aussi, changement de style. Avec « Bambi galaxy », le garçon nous invite à monter dans sa navette direction les étoiles et le cosmos. C’est étrange, ça envoie, ça ne ressemble à personne. C’est Florent Marchet, un OMNI.

Mark Daumail Son premier album solo « Speed of light » est sorti cette année et on se demandait ce que pouvait bien donner un live de Mark Daumail depuis la fin de l’aventure Cocoon.

Le concert permet de découvrir les titres efficaces de l’album parmi lesquels quelques pépites pop comme « Monsters » mais aussi quelques surprises (on retiendra la reprise de « Oh my god! » de Cocoon). Un bon moment, pendant lequel on a même dansé.

Mokaeish

Saint-Jean D’Acre n’est pas encore bondé. Public parsemé. Ça n’effraie pas Cyril Mokaiesh (redevenu Mokaiesh tout simplement pour le troisième album) qui ouvre les hostilités sur la grande scène. Le regard hagard, le corps désarticulé comme à son habitude, Cyril Mokaiesh donne tout.

Histoire d’attirer tout de suite le public venu tout spécialement pour les chevaliers des Arts et des lettres, Shaka Ponk, Mokaiesh comme par ses tubes : « mon époque » et « communiste » avant d’embrayer sur les titres de son nouvel album « L’amour qui s’invente ». Public séduit. Surtout les filles du premier rang. Il faut dire que quand il chante l’amour, Mokaiesh ne fait pas les choses à moitié.

Plazia Francia

Catherine Ringer est de ces femmes qui touchent tout ce qu’elles transforment en or. Le nouveau projet dans lequel elle s’est engagée aux côtés de Müller et Makaroff, de Gotan Project, c’est « Plazia Francia ». Derrière ce nom exotique se cache l’ambition de revisiter le tango tel qu’on le connait.

Sur scène, c’est une Catherine hyper expressive que l’on découvre, dont la gestuelle gracieuse et féline se prête parfaitement à cette musique sensuelle. La force du bandoneon.

Detroit

Aborder le sujet Détroit est toujours quelque chose de très délicat. Je mets volontairement l’histoire personnelle et tragique de Bertrand Cantat pour me concentrer uniquement sur le chanteur et musicien. Je n’avais jamais vu auparavant Noir Désir sur scène. D’ailleurs, je n’ai jamais été une très grande fan du groupe (pardon pardon pas tapey).

Je ne connais que les classiques. Que Dieu me pardonne. J’avais tout de même très envie de voir Détroit sur scène. Et j’avoue avoir été subjuguée dès le premier titre, en guitare-voix « Droit dans le soleil ». Par la présence du groupe. Le magnétisme et l’aura de Bertrand Cantat.

Deluxe

J’aimerais dire que c’est de la balle mortel mais je crois qu’il faut que je me rende à l’évidence. Pendant que le groupe jouait sur scène, je n’avais qu’une question : « WTF ». Comme tous les groupes un peu festif, soit on rentre dans le délire, soit on reste sur le bord de la route. Moi, j’ai carrément oublié de monter dans le car. Désolé.

Miossec  

On l’a retrouvé avec joie jeudi soir sur la grande scène de Saint Jean d’Acre avec Jacques Higelin pour l’hommage à Jean-Louis Foulquier. C’est avec le même enthousiasme qu’on s’est rendu hier au grand théâtre pour assister à la soirée qui lui était consacrée. Sur scène, fragile mais comme habité, Miossec fait vivre ses textes dont le charme mélancolique émeut, comme toujours. Il débute par le positif « On vient à peine de commencer » et enchaine les titres qui permettent de vibrer avec lui. Mention spéciale à « Brest » et à « la fidélité », particulièrement intenses. On lui reproche parfois ses textes sombres, on retiendra quand à nous ce sublime passage « C’est pas fini, on peut encore se raccrocher à la poésie ». Tout est dit.

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