Live report : Rencontres Trans Musicales 2013 – Jour 2 par Agnès Bayou

Live report

Deuxième journée des 35e Rencontres des Trans Musicales, c’est sous un soleil radieux que la @RLM_Team s’est rendue au Liberté. Au menu du jour : pour les dernières arrivées de la région c’est à l’Etage que ça se passe avec Disco Anti Napoleon, Expø et The Enchanted Wood. Puis direction le Parc Expo en fanfare pour une déferlante de groupes internationaux avec The Skins, Nova Heart, le grand Stromae, Jacuzzi Boys, Mozes and the Firstborn et Public Service Broadcasting.

Au passage, l’équipe est très fière de Le Vasco qui assurait ici sa première grande scène et a très bien géré le public au son de ses compos electro-hip-hop ! Encore une victoire du Fair !

>> Crédit photos : MOZ Pic’s <<

Disco Anti Napoleon

Avec toute la réverbération qui enveloppe le chant, DAN avait des allures de rêveur. Mais les apparences sont trompeuses car la version live s’avère bien plus musclée ! La basse est simple mais cadencée, la batterie, bien remontée, se lance dans une course effrénée avec la guitare pendant que les synthés plongent la salle dans une atmosphère opaque. Les compos, zébrées de lasers et de changements de rythmes bien amenés, allient solidité et finesse. Quant aux musiciens, ils sont très impliqués : le clavier ondule et le bassiste se tord dans tous les sens, tout en sachant garder les échanges avec le public plein d’humour. Epique et prometteur !

Expø

Le chanteur imite une langue suomi, mais les musiciens sont bien de chez nous comme on dit. Cela dit, si les Scandinaves ont une réputation solide côté pop, Expø n’a rien à envier à nos cousins du Nord : ce projet est extrêmement abouti. Il n’y a rien à redire : les chœurs sont bien dosés, les montées sont en place, tous les éléments sont maîtrisés et le résultat est efficace et dansant. Maintenant il faudrait qu’ils arrivent à se détacher des codes ancrés de la pop. Dans toute cette application, on cherche de l’humain. C’est tellement propre, qu’on dirait une photo de famille où tout le monde fait semblant de s’apprécier. Ou une photo du nord de l’Angleterre sous la pluie. C’est louche !

The Enchanted Wood

Une fois de plus, la leçon du jour est de ne pas se fier aux apparences ! Vous ne croiserez aucun elfe, aucune fée dans ces bois enchantés, mais plutôt le regard de la faucheuse. Les musiciens sont placés en arc de cercle, créant un espace autour du chanteur, avec les deux batteries qui se font face. Au cœur de cette formation, pas de symbole satanique, mais Michel Le Faou en sublime Nick Cave. La salle pleine à craquer est pendue à ses lèvres, hypnotisée par son pouvoir de narration et bercé par une rythmique profonde. La danse se fait macabre, les dissonances laissent pressentir un tragique incident, le morceau funèbre tient en haleine… et le final tout en tension sera respecté jusqu’au dernier soubresaut, jusqu’au dernier souffle rendu.

Nova Heart

Suite de la leçon de jour. Quand la formation italo-pékinoise semblait taquiner les terrains electro-pop, la prestation scénique désarçonne. L’équipe s’engouffre dans le hall et se retrouve à palper une atmosphère très étrange. En un clin d’œil, Helen Feng, tout de noir vêtue, transforme, habite, transcende ses compositions. Imaginez le tableau : les grosses guitares assomment tandis que la chanteuse se frappe la poitrine comme un sourd. Il y a de quoi s’inquiéter… Cette mise en scène théâtrale mise à part, les compositions ne sont pas exceptionnelles d’originalité. Quand la Chine se réveillera qu’ils disaient…

The Skins

Accrochez-vous ça va secouer ! Entourée d’écrans criant leur nom, cette bande de gamins tient à se faire entendre. Au micro, Bayli s’agite, se déhanche, se démène avec une sensualité qui n’a d’égale que son énergie. Se reposant sur une batterie stylée et extrêmement fluide, les musiciens échangent des regards complices. Armée de l’arrogance de la jeunesse, la troupe ne donne pas dans la demi-mesure : tous les clichés rock y passent mais mêlent tout un tas d’influences. Reste à savoir si derrière les grosses guitares à la Springsteen se cachent réellement des compositions. Mais en tout cas, le show à l’américaine fait plaisir à voir.

Stromae

Devant le hall 9, c’est la course. Tout le monde se presse pour voir le clou de cette édition et rapidement le hall affiche complet. Une fois à l’intérieur, la foule attend dans la bonne humeur au son de Les Gordon. Mais dès que l’écran s’allume, la clameur monte. Les musiciens au chapeau melon font leur apparition et Stromae apparaît enfin ! Sans un mot, il balance ‘Ta Fête’ que la salle lui ôte de la bouche. Il enchaîne avec ‘Batard’ que tout le monde connaît absolument par cœur. Cette ferveur du public est hallucinante, aussi prend-il le temps de se dorer dans cette adoration et livrer jusqu’à la nature de ses selles comme une marque de son appréhension.

Puis d’un air de professeur, il reprend les leçons qu’il avait déjà enseignées lors de sa tournée précédente. En réel showman, Stromae reprend le jeu qu’il avait développé sur la vidéo ‘Tous Les Mêmes’ avec une élégance folle sur fond de samba cuivrée. Le jeune homme tient le public dans le creux de sa main et n’en fait rien : la foule le réclame, le supplie et Stromae divague en cantatrice. Face à l’évidence d’un échange à sens unique, l’enthousiasme retombe jusqu’aux tubes… Et le final, où il remercie Jean-Louis Brossard en personne de lui avoir fait confiance dès 2010.

Jacuzzi Boys

Le monde du rock regorge de trio garage à l’énergie débordante. Et les Jacuzzi Boys ne dérogent pas à la règle. Sur de bonnes basses classiques, la voix monocorde de Gabriel Alcala glisse soyeusement. Caché par une coupe proche de celle du cousin machin, il fascine par sa présence effacée. Alourdies par le soleil de Miami, les compositions sont un peu flemmardes mais si le punk est quelque peu scolaire, la batterie se permet des écarts de conduites. C’est un peu barré, un peu violent, et surtout intriguant de contradictions.

Mozes and the Firstborn

Emu par le Prince d’Egypte des studios Dreamworks, Melle Dielesen lui a dédié son groupe de pop-punk. Sur la scène, ce qui attire le regard c’est ce batteur, probablement casté pour Les Seigneurs de Dogtown, qui surplombe le plateau, épique dans ses gestes larges et bien placés. Sur le côté, un peu timide, le jeune chanteur, sa guitare plaquée contre le torse, force un peu sa voix encore jeune pour le style. Tout dans la retenue, les compositions rappellent fortement Nirvana, très grunge dans l’esprit avec des finitions légèrement noisy. Heureusement qu’arrive le single ‘I Got Skills’, sur lequel les guitares tombent le masque et les musiciens se font enfin plaisir. La tension retombée, la voix se fait plus assurée et le délire adolescent est enfin révélé. Même si à ce moment-là, Kurt Cobain laisse la place aux frères Gallagher.

Public Service Broadcasting

Bienvenue dans le concept de Public Service Broadcasting. Willgoose Esq écoutait la radio, quand le British Film Institute annonce que les images d’archive seront désormais accessibles. Grand amoureux de collage sonore, il demande à son ami batteur Wrigglesworth de le rejoindre pour un grand projet : Informer, Eduquer et Divertir. Ainsi, le tandem illustre ses longues plages electro-rock matinées de post-rock par des vidéos de propagande de la Seconde Guerre Mondiale, utilisant les discours de l’époque comme chant. En dépit de ce message un peu politique comme sur ‘If War Should Come’, le résultat est bien dansant. Certes, tout le monde est fatigué à cause de l’heure bien avancée, et le son n’est pas vraiment à la hauteur, mais les compositions sont très prenantes. Et le fait que les écrans soient trop petits prouve que les morceaux n’ont pas besoin des images pour porter.

 

À propos de l'auteur :
Agnes Bayou

Rédactrice en chef du Transistor, quand Agnès n'est pas dans une salle de concert, elle est probablement en festival. Ce qui fait qu'elle atterrit parfois dans les pages live de Rock’n’Folk… Sinon, elle sait aussi être polie et propre sur elle puisqu'elle gère les contenus vidéos, photos et autres pour les réseaux sociaux et le site de La Villette. Mais ce qu'elle préfère c'est le rock (et la sueur).

Voir ses articles