Live report : Rencontres Trans Musicales 2013 – Jour 3 par Agnès Bayou

Live report

Pour cette dernière journée de la 35e édition des Rencontres Trans Musicales, tout est une question d’organisation ! L’équipe @RLM_Team va traverser la fête foraine pour rejoindre le Liberté, réussir à accéder à l’Etage qui affiche complet, et voir enfin Samba de la Muerte et Rhume. Puis faire un petit tour aux Bars en Trans soutenir les Colours In The Street. Et retrouver le Parc Expo pour DakhaBrakha, The Midnight Beast, Superets, Kid Karate et Ibibio Sound Machine.

 

SAMBA DE LA MUERTE 

Avis aux fans des Concrete Knives, leur clavier Adrien Leprêtre présente son projet solo. Ses envies mélangent des influences africaines et des rythmiques sud-américaines mais à chaque fois enrobées de styles différents. D’un blues rock, il part sur des tonalités plus psychédéliques, des morceaux déstructurés font place à des compositions plus minimalistes, la souffrance causée par une certaine Sarah débouche sur des incantations. Déboussolés, on ne sait sur quel pied danser… on se raccroche alors aux lumières qui soulignent bien les pêches de batteries annonciatrices de changements de rythme. Pour finir sur un apocalyptique ‘The End’ appuyé de ronflantes déflagrations.

SAmBA De La mUERTE – Skyline – Live (Trans… par sourdoreille

 

RHUME

Dans la pénombre, une mélodie électronique répétitive monte, devenant rapidement irritante. Trois coups de cymbale cassée percent, suivis d’un énorme crash qui fait sursauter la salle pleine à craquer. Lumière se fait alors sur deux musiciens, un à la guitare qui évite de faire face à la salle, et un MC qui commence à s’énerver sur son micro. Les insultes volent, sans trop comprendre à qui elles s’adressent. Les applaudissements sont plus que timides, et les oreilles les plus délicates se dirigent d’un pas pressé vers la sortie. Car si le volume est élevé, on n’entend pas réellement les paroles. De fait, le chanteur ne rappe ni ne slame vraiment, dans un style qui rappelle clairement le Klub des Loosers. Les adeptes de Fuzati assureront que ces projets ne sont pas forcément adaptés au live…

 

COLOURS IN THE STREET

L’équipe au grand complet se faufile dans les rues piétonnes jusqu’au Sympatic Bar où se déroule le concert des Colours In The Street. Un écran projette les images du set qui se déroule à la mezzanine. Les lauréats de la quatrième édition du tremplin « Lance-toi en Live » jouent ici leur dernier concert de l’année avant de partir peaufiner leur premier album. De nouvelles compositions se sont d’ailleurs glissées dans ce set, pour tester en live les réactions du public. Une fois de plus, c’est ‘Paperchild’ qui se révèle addictive, telle une porte d’entrée sur leur electro-pop bien puissante compte tenu de leur très jeune âge. En tout cas, cette année de concerts, avec notamment la tournée des Naïve New Beaters, les aura bien aguerris. Alors quel sera le gagnant de l’année 2014 ? Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 7 janvier !

 

DAKHABRAKHA

Un nom bien étrange pour un son bien particulier, qui attire certains autant qu’il rebute viscéralement d’autres. Une douceur étrange s’élève de cette combinaison de percussions et instruments traditionnels ukrainiens. En costumes, les trois femmes, surmontées d’immenses coiffes folkloriques, s’appliquent aux djembés, et mêlent leur voix pour une profonde communion. Le chant se fait envoûtant et les trémolos émouvants, quand, en fond, un large écran diffuse un simple diaporama de photos des évènements qui se déroulent actuellement à Kiev. Une belle illustration d’un mouvement pacifique.

Take Away Show _ DAKHA BRAKHA from Vincent Moon / Petites Planètes on Vimeo.

 

THE MIDNIGHT BEAST 

Autre salle, autre ambiance : des enfants terribles s’agitent sur l’immense plateau du Hall 9. Repérés en 2009 grâce à leur reprise décalée de TiK ToK par Ke$ha, ces Britanniques ont depuis bien développé leur projet, avec notamment un livre semi-autobiographique et une sitcom de six épisodes. Sur scène, c’est la fête : les chorégraphies paraissent foutraques mais sont très bien préparées, avec pluie de confettis et boule à facettes. Spécialistes de la parodie, les trois chanteurs, flanqués d’un groupe et de deux danseurs, s’illustrent dans tous les styles. Et tout le monde en prend pour son grade : des acteurs de la pop commerciale aux touristes incultes ! Une très belle récréation !

SUPERETS

Sur scène, c’est à première vue quatre types qui tentent maladroitement de parler d’amour. Deux synthés vintage et une batterie entourent un showman à rouflaquettes faisant office de cascadeur-chanteur. Mais ces grands frères des feu Wankin Noodles, amoureux d’Elvis Presley devant l’Eternel, sont plus que de joyeux lurons très rétros. Derrière le folklore américain, l’énorme moustache, les chemises à fleurs et les chorégraphies décalées, se trouvent des compositions surf bien accrocheuses… avec des paroles qui donnent l’impression de voir Dutronc danser un twist avec Jacno. Et c’est clair, même si leur style est bien spécial, une bonne ambiance règne aussi bien sur scène que dans la salle.

 

KID KARATE

Ne commençons pas à énumérer la longue liste des duos guitare/batterie, car au final, aucun ne se ressemble. Ici, les Kid Karate ne se distinguent pas du genre (forcément très brut) uniquement par leurs coiffures étonnantes. (On mettra leurs choix capillaire sur le compte de leurs origines irlandaises.) Non, quand les Black Keys se doivent d’inviter basse et clavier le temps d’une tournée pour renouveler leur style, les Kid Karate ont paré à toute éventualité avec des synthés et sampleurs. Et comme convecteur émotionnel, Kevin Breen aime à tirer sur ses cordes vocales. On retiendra ‘Heart’ et ‘Two Times’ qui débordent d’énergie (after-)punk. Car on en reviendra toujours à cette fameuse énergie quand il s’agit de rock.

KID KARATE « Two Times » (Live NYC) from Erinn Clancy on Vimeo.

 

IBIO SOUND MACHINE 

Les superbes animations lumières du Boarding Pass de Joris Delacroix viennent de s’éteindre, le public a désormais envie de danser. Ca tombe bien, sous le Hall 4 les attend sagement une formation à toute épreuve : une chanteuse à la forte personnalité, parée d’un guitariste du groupe afro-pop Osibisa, d’une section cuivre vitaminée mais pas surdosée, et d’un combo batterie-percussions imparable. Le tableau réveille : dans une robe bien colorée, Eno Williams, artiste britannique d’origine nigérienne, fait chanter le public ses paroles inspirées de contes traditionnels, quand les bongos font instantanément danser tout le monde. Sans jamais tomber dans un cliché de musique africaine, cette fusion disco-funk et world est irrésistible.

À propos de l'auteur :
Agnes Bayou

Rédactrice en chef du Transistor, quand Agnès n'est pas dans une salle de concert, elle est probablement en festival. Ce qui fait qu'elle atterrit parfois dans les pages live de Rock’n’Folk… Sinon, elle sait aussi être polie et propre sur elle puisqu'elle gère les contenus vidéos, photos et autres pour les réseaux sociaux et le site de La Villette. Mais ce qu'elle préfère c'est le rock (et la sueur).

Voir ses articles