LYS – Go Your Own Way

Chronique

Nous avions croisé la route de Lys l’année dernière lorsque le groupe s’était retrouvé finaliste du Lance-toi en Live 2012 – la session réalisée par Rod Le Hiboo à l’occasion et qui nous avait pas mal marqués est en écoute ci-dessous. Depuis le groupe s’est encore musclé et a remporté d’autres concours. Aujourd’hui, il publie « Go Your Own Way », son premier album qui est à la hauteur de l’avant-goût qu’il avait su nous donner.

Après avoir écumé les salles de concerts de Rennes et de la Bretagne, Lys a publié son premier single « In my minds » en 2008 (produit par Olivier Lude), mais au lieu de se précipiter, de publier à la va-vite des chansons encore en cours de maturation, le groupe a préféré prendre son temps. Ne pas se croire arriver juste parce que la mèche a été allumée et savoir faire passer l’écriture avant les paillettes, voilà ce qui a permis à Lys d’arriver aujourd’hui avec un premier album dense et cohérent.

Les influences de Lys – le groupe ne s’en cache pas – sont purement anglaises, et l’on sent à chaque instant combien il essaye de marcher dans les pas des trois mastodontes du rock anglais de ces dernières années (Radiohead, Placebo et Coldplay – heureusement peu de trace de Muse). D’ailleurs Steve Hewitt (batteur de Placebo) les a embarqués en première partie de la tournée de son groupe ; une sacrée opportunité pour un groupe français.

De Radiohead, Lys conserve les guitares cristallines et lancinantes appuyées par un chant tout en complaintes (dans le bon sens du terme) comme sur les couplets de « So Nice » ainsi que les incursions électroniques comme sur « 3 weeks » et « Up to the Clouds ». De Placebo, il s’inspire des envolées punchy presque noisy portées par des vocaux – ceux d’un Nicolas Veron très crédible – qui prennent du recul par rapport aux mélodies et semblent dominer celles-ci (« This Moring »), le tout avec une légère reverb qui donne de la densité à l’ensemble. Enfin de Coldplay, il ne garde que le meilleur, à savoir le goût pour les refrains généreux et la mélodie qui marque. Si maintenant l’on vous dit que l’album a été produit par Paul Corkett (The Cure, Suede, Placebo…), je pense que ce ne sera pas une surprise.

Il en résulte un album qui ne sonne jamais comme celui d’un groupe de seconde zone ou comme celui d’une bande de gamins qui essaieraient d’imiter leurs idoles. A contrario, à vouloir trop crédibiliser sa démarche et affirmer qu’il est au niveau de ses influences, Lys manque parfois d’originalité et ne prend pas assez de risque. Mais, ce n’est pas bien grave vu le nombre de couplets/refrains dévastateurs qu’il assène ici. On espère juste que la suite ressemblera plus à la fin de l’album où l’on sent les membres plus libres.

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

Voir ses articles

En savoir plus sur Lys :