Matthew Dear aux Transmusicales de Rennes

Live report

 

Suite et fin de notre volet « Transmusicales de Rennes 2010 » : rencontre et live inédits de Matthew Dear, par The Drone.

 

 

Matthew Dear


Pour attrapper Matthew Dear, il faut s’armer de patience. Non seulement la discrétion naturelle du bonhomme fait qu’il n’est pas très friand des interviews, mais il cultive depuis l’origine une galaxie d’alias et de prêtes-noms (Audion, Jabberjaw, False) qui lui ont permis à la fois d’explorer différentes strates des musiques électroniques tout en brouillant sévèrement les cartes quant à sa réelle identité.


Bien sûr, depuis quelques temps, on commence à bien le connaître et à le voir en dandy electro-pop aux faux airs de Dave Gahan. Mais, le limiter à cette facette serait réducteur, surtout lorsque l’on sait que, sous le nom d’Audion, il imaginait, quelques années avant Justice et consorts, l’électro à la scie sauteuse.


Né au Texas, il y a un peu plus d’une trentaine d’années, Matthew rejoint le Michigan, terre natale de la Techno, à la fin des années 90, en entrant à la fac d’Ann Arbor. Là bas, il rencontre Samuel Valenti IV, activiste de la scène électro, avec qui il lance un petit label, aujourd’hui devenu l’une des références mondiales du genre, Ghostly International. Dear y sort d’ailleurs son tout premier single, Hands Up For Detroit. Un titre annonciateur de sa prochaine destination: Detroit, où il pose ses valises juste après.


Une poignée d’EPs et deux albums appréciés mais confinés au petit cercle des connaisseurs plus tard, Matthew Dear signe son premier gros coup en 2008 avec Asa Breed, album étendard d’une nouvelle génération électronique, qui, débarrassée des vieilles guerres de chapelles, raccroche les wagons avec la tradition pop. Le titre d’ouverture, Fleece On Brain, en est l’illustration parfaite.


Avec Black City, son dernier album en date, Dear pousse le rapprochement à l’extrême et se dote carrément d’un backing band à l’ancienne. Même si les racines Techno sont belles et bien assumées (vous remarquerez la fâcheuse habitude qu’ont les artistes de la Motor City à systématiquement mentionner leur ville, des garageux The Dirtbombs récemment avec leur techno tribute album, à Juan Atkins et son séminal Techno City en 1984), ce retour à l’un des fondamentaux de la musique live sonne comme la mort officielle de l’omni-pousseur de disques.


Un assassinat discret, luxueux, à l’image de tout ce que fait Matthew Dear.