NORAH JONES – The Fall

Norah Jones The Fall

Jazz Folk américain / 2009. Pas la peine de jouer la carte de la langue de bois, les artistes qui vendent 36 millions d’albums avec pour unique leitmotiv de réaliser un jazz vocal moderne accessible au plus grand nombre sont vite catalogués. Il faut dire que les aficionados de musique que nous sommes aimons aussi beaucoup les petites cases, et qu’il est aisé de se débarrassé d’un artiste que tout le monde aime en lui accolant l’évidente étiquette mainstream. L’homme est faible, et le fan de musique l’est souvent encore plus ;)

Pourtant, Norah Jones a toujours réussi à s’éviter les foudres des défenseurs du bon goût culturel. Il faut dire qu’avec ses petites incursions de folk et de soul, sa musique, aussi facile d’accès soit-elle, a toujours su laisser songeur. « Come Away with Me » et « Feels Like Home », sans pour autant provoquer le moindre attrait, n’étaient pas du tout le genre d’album dont on avait envie de dire du mal. Est-ce du à la musique ? Est-ce du à la personnalité de Norah Jones ? Je ne sais pas mais il est évident que cette fille dégage un sentiment d’honnêteté et de sincérité, une attitude qui fait qu’on se sentirait mal à l’aise de tirer à vue sur elle.

« The Fall« , son nouvel opus confirme d’ailleurs cette tendance. Qui a vraiment envie de s’en prendre à des titres comme « Chasing Pirates » ? Qui ne se laisserait pas banalement bercé par la basse chaude et l’ambiance feutré de « Even Though » ? Qui reprocherait à « Light As A Feather » sa folk de l’ouest ? Non définitivement, Norah Jones n’est pas une jeune femme à qui on en veut, pas le genre de cible sur laquelle on va s’acharner.

Alors bien sûr « The Fall » s’avérera souvent joliment ennuyeux (l’ironique « Waiting »), ne cessera de vous caresser dans le sens du poil (« I Wouldn’t Need »), et pourra même parfois se montrer terriblement vain (« You’ve Ruined Me », « Back To Manhattan »). Mais des titres comme « It’s Gonna Be » s’écouteront sans déplaisir comme un bon vieux Ben Harper, tandis qu’on se sentira facilement chez soi sur « Young Blood ». Enfin sur « December », la jeune new yorkaise met en avant un songwriting de qualité qui serait de loin la meilleure orientation à prendre pour l’avenir.

Le problème de « The Fall » et plus généralement de Norah Jones, est qu’il ne génère aucune émotion. Il s’écoute juste paisiblement sans que l’absence de qualité ne choque à aucun moment. Comme je le précisais en introduction, je n’ai pas envie de dire du mal de cette musique qui séduira les foules en toute légitimité, et j’aurai presque envie de soutenir cette jeune fille qui se bat pour une musique populaire de qualité, sans jamais pour autant chercher le single évident. Mais bon après, de là à être touché…

Note : 5/10
À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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