Quoi de plus normal que la présence dans le jury du Prix que celle de l’homme qui a signé les lauréats 2015 (Fuzeta) en édition ? Directeur artistique, et donc lui aussi dénicheur de talents, Sylvain Gazaignes répond à notre interrogatoire, sans langue de bois ni torture.
Coucou Sylvain, alors, qu’est-ce qui t’a donné envie de faire partie du jury du Prix Ricard S.A. Live Music 2016 ?
Bonne question effectivement ! Avant tout l’envie de suivre le processus d’accompagnement de Ricard S.A. Live Music d’un peu plus près, même si je suis le travail du Prix depuis de nombreuses années. Et puis cette année on a signé en édition le groupe Fuzeta, lauréat de l’édition précédente, sur lequel on a eu un véritable coup de cœur pour leur songwriting et leur histoire de frangins. Donc quand on m’a proposé de faire partie du jury pour l’édition 2016, j’ai dit oui car j’étais curieux de voir comment les choses se passent de l’intérieur. Ce qui me plait dans ce Prix c’est autant l’implication aux côtés des vainqueurs sur le long terme que l’aspect 360° du dispositif ; cette polyvalence se rapproche pas mal du boulot qu’on fait nous même en tant qu’éditeur avec nos artistes.
Du coup, qu’attends-tu des participants au Prix cette année ?
J’espère découvrir des projets originaux, avec une vraie singularité. Aujourd’hui avec la démocratisation des moyens d’enregistrement – Protools, matériel home studio – les groupes capables de sortir des projets qui ont de la gueule sont plus nombreux qu’avant ; sauf que 9 fois sur 10 on peut identifier leurs influences dès la fin du premier refrain… Les artistes se contentent souvent de copier leurs idoles. J’attends donc un peu d’audace !
Tous les ans on retrouve inconsciemment (ou pas) l’influence du groupe populaire de l’époque (Fauve, Foals, Phoenix avant eux…) chez certains participants. Quel est l’artiste que tu ne souhaiterais absolument pas voir entendre en filigrane à travers les groupes que tu vas découvrir ?
Que répondre à cette question… c’est politiquement compliqué, ah ah ! Sans aucun jugement qualitatif sur leur travail, je pense que dans les semaines qui arrivent on aura du mal à éviter les hommages inconscients à Stromae ou à Christine and the Queens. Je trouverais ça d’ailleurs dommage d’écouter des copies ratées car ce sont justement des artistes singuliers qui méritent de le rester.
On pose la même question à chaque nouveau membre : Etre membre du jury Prix Ricard S.A. Live Music, c’est un peu comme être sur Koh Lanta. Spontanément, avec quels autres personnes espères-tu pouvoir pactiser secrètement ? Y’a-t-il un membre que tu aimerais éliminer pour ses gouts douteux ?
Comme c’est ma première fois, je ne connais pas encore assez bien les membres pour me prononcer là dessus. Par contre je sais que Rod et moi partageons souvent les mêmes goûts musicaux, et qu’on se retrouve souvent dans nos impressions sur tel ou tel artiste. Donc s’il y a alliance, ce sera peut-être avec lui !
Et pour finir , question rituelle : as-tu menti pendant cette interview ?
Bien sûr que non !
Allez, menteur !
Sache que je ne mens jamais. Le métier de directeur artistique repose beaucoup sur la confiance qu’on acquiert auprès des artistes dont on s’occupe ; il n’y a donc rien de pire que de leur mentir et de se faire griller. Du coup j’essaie de baratiner le moins possible, voire pas du tout, gagner et garder la confiance des musiciens avec qui je travaille, c’est essentiel !
Et pour voir si Sylvain nous dit bien la vérité, nous lui avons proposé une petite entrevue bonus pour qu’il nous parle lui-même du Prix et de ses spécificités :
SON TOP 5 DU MOMENT
Mura Masa – Lovesick Fuck
Post Malone – White Iverson
Lapsley – Hurt Me
Justin Bieber – What do you mean
Keith Ape – It G Ma
