Superbravo chez Gals Rock : Armelle Pioline intime

Live report

Cette semaine Voisin Blogueur de Tadah! Blog revient sur le blog de Ricard S.A Live Music avec sa chronique passionnée du concert d’Armelle Pioline (chanteuse du groupe Holden) au Gals Rock mercredi 8 décembre.



Mercredi 8 décembre 2010. Il a neigé toute la journée, les parisiens marchent au ralenti histoire d’éviter la chute, il fait un froid de canard.  Pas question pourtant de rester chez moi ce soir : il y a un concert de Superbravo chez le disquaire Gals Rock.

Superbravo ? C’est le nom du projet solo d’Armelle Pioline (chanteuse et moitié d’Holden, le duo qui depuis 10 ans – malheureusement un peu trop dans l’ombre- redore le blason de la chanson française avec une pop inventive, romantique, toujours pleine de surprises).

Après une décennie à chanter en français, la belle Armelle a décidé de s’offrir une récréation en anglais. Elle parcourt ainsi depuis environ un an, seule avec sa guitare et ses boucles, les bars de Paris et d’ailleurs. A chaque fois, une ambiance très intimiste, la chanteuse susurre entre deux chansons, fait quelques bourdes de temps en temps mais qu’importe… Elle fait partie de ces artistes qui à la fois semblent extrêmement proches de nous, accessibles, mais qui génèrent aussi une indéniable fascination. Un vrai charisme de personnage de cinéma, sans jamais pourtant chercher à être extraordinaire. Grâce naturelle.


Ce soir-là, chez Gals Rock, nous sommes en petit comité. Le concert est gratuit, les fans bien renseignés et les amis viennent fêter la sortie du premier album de Superbravo (un tout joli vinyle rouge – avec quand même des codes pour télécharger les morceaux en version digitale – , en bonus sur certaines pochettes des baisers de celle qui se fait surnommer « Superbravo girl »). Célébration également de la naissance d’un tout nouveau label, Commune, qui accueillera prochainement d’autres artistes dont Midget (nouveau duo de Mocke, autre moitié d’Holden) ou Fiodor Dream Dog.


Armelle Pioline se pose dans un coin avec sa guitare, les spectateurs s’assoient sur le petit canapé ou au sol, on remarque qu’il y a tout un tas de gens sympathiques venus la soutenir (JP Nataf, Arlt, Brifo…). Silence.

Premier titre joué : One of it. Entre pop et rock, sur un air faussement léger (sa marque de fabrique), la chanteuse prouve qu’avec pas grand chose on peut laisser pantois toute une assemblée. Il faut tout de même avouer que sa voix n’est pas commune. Cristalline, de celles qui donnent l’impression de ne jamais prendre parti, qui nous entraînent en douceur vers une infinie mélancolie.


S’enchaînent les plus folks Motherland et Pilgrim. Elle parle de la mère, du père, de la terre, avant de nous proposer de nous échapper au rythme entêtant, presque étrangement country, de Cars. Peut-être que les cheveux au vent, on reconnaîtra au loin un parc où on allait avec un amant, on se souviendra d’un amours déchu, forcément inoubliable, obsessionel (tout ce qu’évoque brillamment le splendide Killing Me). Alors que l’étroit espace de concert du Gals Rock provoque un état de communion, nous donne la sensation de voir une copine jouer devant nous dans notre salon (avec le son pas terrible qui va avec), quelque chose se passe. On voyage, on se sent comme transpercés par cette voix, cette sensibilité rare et communicative. La parenthèse enchantée s’achève au son d’un Deardrop aux airs de berceuse. On pourrait rester là des heures à écouter, regarder cette fille qui détend toujours l’atmosphère par des petites blagues, une fausse nonchalance comme pour voiler la douleur que certains titres évoquent , transmettent.


Bienheureux les parisiens. Ils savent qu’en cas de déprime, dans la froideur de la nuit, ils pourront toujours avoir la chance de croiser fréquemment, quelque part, une fille avec une guitare pour remonter le moral des troupes et réchauffer les cœurs.