THE LIMINANAS – The Liminanas

Chronique

 

C’est un disque à écouter en fumant des clopes sur la plage à la nuit tombée, un disque qui crée un pont entre les vrais amis et ceux dans nos têtes, un disque qui crée des ponts entre nos vies et le film de nos vies (« The Darkside ») ; nous nous branchons sur le secteur et laissons couler dans nos veines l’électricité hallucinogène.


Les lignes de basse dégagent cette chaleur psychédélique (un peu comme The Soundcarriers) et évoque chez moi milles choses contradictoires : une sensualité bestiale qui s’oppose à une rugosité froide comme celle de ces caves en hiver où l’absence de chauffage n’empêche pas les groupes de jouer encore et encore (« Tigre du Bengale »). C’est la bande son idéal d’un road movie entre fun absolu et tragédie à venir (« Funeral Baby »).


« The Liminanas » est un double de tennis dans une station balnéaire chauffée par les braises de l’enfer et alimentées par toutes les drogues de l’univers : le Velvet Underground et Nico affrontent Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot, et quand Cold Princess ouvre les yeux un clavier propulse la balle dans un monde parallèle (« Je ne suis pas très drogue » et son « Shebam » hommage de fin).


Bien sûr les drogues modifient le cheminement normal du cerveau. Ce dernier boucle, ressasse les mêmes mélodies, place de nouveaux mots sur l’instru du titre précédent, mais malgré cette démarche égoïste qui vise à se défoncer jusqu’à plus soif sans faire état d’aucun respect pour l’auditeur, The Liminanas offre un album qui se déploie avec une simplicité, avec une évidence que je n’avais pas entendu depuis As Dragon. Si je fais référence à la bande à Natacha Le Jeune, c’est bien sûr pour cette quantité de single garage-pop succulents (« Je suis une go-go girl », « Down Underground ») mais surtout parce que les deux groupes sont des modèles d’utilisation de l’accent français dont les intonations jouent avec les sens et les habitudes sans ne jamais chercher à tirer la couverture sur elles ; des intonations au service des chansons. Aussi quand le groupe chante : le vent lui souffla : tu ne peux pas inventer ce qui existe déjà. Ecoute, je t’apporte une autre chanson. Elle vient d’au delà de tous les océans, c’est la chanson d’un enfant qui n’a jamais vu la neige, et sa chanson appelle une mer, on sait bien qu’il a déjà depuis longtemps traversé l’Atlantique.

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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