YUCK – Yuck

Chronique

 

Des premières sorties 2011 du label Fat Possum, on parlera surement plus de Tennis et des Smith Westerns que de Yuck, mais avec ses pédales wah-wah et ses influences multiples, le groupe international (deux anglais, un américain et une japonaise) fondé sur les cendres de Cajun Dance Party (les membres fondateurs auraient finalement eu leur bac) pourrait bien tirer son épingle du jeu.


Les couplets qui ne laissent parler que la basse (« Get Away »), le fuzz des guitares qui rentre en scène à chaque refrain, le tout porté par un chant léthargique et affecté, il serait facile de voir en Yuck la première pierre de ce que nous redoutons tant : l’inévitable revival grunge ; le seul style qui, sociologiquement prisonnier des nineties, n’ait encore jamais été remis au goût du jour à coup de déclarations brinquebalantes et d’influences illégitimes. Pourtant Yuck s’applique à éviter soigneusement les pièges qui pourraient conduire à des associations trop rapides. Car si les américains aiment les chemises à carreau, les sweets à capuches sans forme et les coiffures à la Buzz Osborne, ils regardent plus du côté de Dinosaur Jr que de Nirvana.


La candide énergie qui découle des riffs « Georgia » rapproche tout autant le groupe de l’indie-rock et du shoegaze. On sent alors dans l’alternance des voix de Daniel et de sa petite sœur Ilana, la fébrile complicité qui a déjà ses preuves chez The Pains Of Being Pure At Heart. Entre les parties masculines et féminines, on ne sait plus trop qui est là pour soutenir l’autre.


Un peu trop policé sur le « Suck » qui ne répond jamais à leur patronyme, le groupe n’en est pourtant pas moins à l’aise lorsqu’il s’agit de poser des ambiances qui prennent leur temps tout en conservant en elle une propension électrique (« Stutter »). Ce n’est d’ailleurs pas complètement un hasard si Stuart Braithwaite de Mogwai a remixé, avec il faut l’avouer un succès assez mitigé, leur premier single « Rubber ».


La force de Yuck réside ainsi dans cette capacité, d’une rareté pondérable, à écrire des évidences indie comme « Holing Out » et « Operation » (et son introduction tout droit issue du « VS » de Pearl Jam).

À propos de l'auteur :
Benjamin

Cofondateur de Playlist Society (revue culturelle et maison d'édition), Benjamin est le responsable éditorial de Société Pernod Ricard France Live Music depuis 2008. En 2015, il a publié "Le renoncement de Howard Devoto", une bio-fiction, à la gloire du fondateur des Buzzcocks et de Magazine, qui retrace la genèse du mouvement punk en Angleterre.

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